Marie-Christine Le Nay, une femme de conviction aux côtés des marins

20/01/2022

Marie-Christine Le Nay, une femme de conviction aux côtés des marins  - Observatoire des Droits des Marins

 Le Marin       Publié le 20/01/2022 

Ancienne aide-soignante à l’hôpital de Saint-Nazaire, femme et mère de marins, Marie-Christine Le Nay est présidente de Marine accueil Loire. Également à la tête de la Fédération nationale des associations d’accueil des marins (Fnaam), elle se bat aujourd’hui pour faciliter la vaccination dans les ports français.

Elle a épousé la cause des marins en même temps que son mari, officier technicien sur des barges pétrolières puis dans le remorquage. Le 18 novembre, Marie-Christine Le Nay, 66 ans, a reçu la médaille d’officier de l’ordre du Mérite maritime, sans tambours ni trompettes. C’est d’ailleurs à cette occasion que beaucoup ont découvert qu’elle avait appris le russe pour communiquer avec les marins d’Europe de l’est. Ce choix est lié à l’une des pires situations qu’ait eu à gérer Marine accueil Loire : celle du cargo russe Koporye, abandonné en 1996 par son armement en faillite, avec son équipage.

« Ils étaient 27 marins, restés neuf mois à quai à Saint-Nazaire avant d’obtenir leur dû et de pouvoir rentrer chez eux », se souvient Marie-Christine Le Nay. Des liens se sont tissés, certains ont été accueillis lors de fêtes dans les foyers des bénévoles, dont le sien. Deux ans plus tard, elle voyage à Saint-Pétersbourg en famille pour revoir l’équipage. Presque comme une boutade, Yuri, le capitaine, avec lequel elle est toujours en contact, lui assure qu’elle pourrait facilement apprendre le russe. « J’ai dit chiche ! Et j’ai commencé les cours à mon retour à Saint-Nazaire. » 

1991. Marie-Christine Le Nay devient bénévole de Marine accueil Loire, dès sa création.

2012. Elle est élue présidente de l’association, animée aujourd’hui par une équipe de 26 bénévoles.

2018  Elle devient présidente de la Fédération nationale des accueils de marins.

Depuis, elle est retournée six fois en Russie et cet apprentissage lui a été fort utile en d’autres occasions malheureuses, par exemple pour dialoguer avec les marins ukrainiens de l’Aspet, cargo poubelle arrivé en 2009, vendu et rebaptisé Zortürck jusqu’à son démantèlement en 2016, et sur lequel plusieurs équipages se sont relayés dans des conditions difficiles.

Hors période de covid, le grand port maritime de Nantes - Saint-Nazaire accueille 30 000 marins en escale par an, dont 6 000 reçoivent une prestation des deux associations d’accueils, à Nantes et Saint-Nazaire. Depuis quelques semaines, ils recommencent à pousser la porte des foyers de marins, heureux de retrouver du contact humain à terre, de pouvoir se détendre, car la pandémie a bouleversé leur quotidien.

Militer pour l’humain

Marie-Christine Le Nay s’est battue pour améliorer la situation sur les relèves d’équipage, et elle milite aujourd’hui pour la vaccination des marins étrangers dans les ports français. « C’est compliqué pour eux d’avoir une deuxième dose, surtout quand ils ne descendent pas à terre. Comme au Havre, on aimerait que des médecins puissent monter à bord lors des escales pour vacciner ceux qui le souhaitent, et pas seulement dans les ports de relève d’équipage. »

À son initiative, un rapport synthétisant le vécu des 19 associations d’accueil depuis le début du covid a été transmis au Conseil supérieur des gens de mer et aux commissions portuaires. « Les expériences sont variées d’un port à l’autre mais représentent toutes la réalité du terrain. »

Une réalité parfois très dure. Marie-Christine Le Nay cite le cas de deux Philippins en escale dans le port de Saint-Nazaire. Avec l’appui de l’association, le premier a pu aller aux obsèques de son frère, alors qu’il était désemparé, ne sachant à qui s’adresser. Le second marin venait de perdre son enfant de dix mois. « Au téléphone, sa femme lui a dit que dans les circonstances, il valait mieux qu’il reste sur le navire pour gagner l’argent du ménage. C’était vital qu’il puisse se confier et trouve un peu de réconfort dans ce moment d’extrême détresse. »

Véronique COUZINOU


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