Sector piste les navires et les marins abandonnés
07/07/2006
Article de Thierry BALLU paru sur Ouest-France
Dans le cadre du 2ème Forum mondial des droits de l'homme organisé par la Métropole de Nantes, l'Observatoire des droits des marins parlera des marins abandonnés, des passagers clandestins et du bien-être des marins, sous la forme d'une table-ronde le mercredi 12 juillet en salle 120. Sera présenté "Sector" dès 9 heures, une base de données créée par le Bureau international du travail pour comptabiliser les équipages en rade. Une première étape pour mieux les secourir ensuite.
Depuis janvier, l'Abu Abdullah, un navire battant pavillon des Comores, est en carafe dans le canal de Suez avec quinze marins à bord. Le Grendland, de la Dominique, est abandonné depuis le 25 février à Aviles, en Espagne. Avec neuf marins à bord. Lancée en avril, Sector, la base de données du BIT a d'ores et déjà répertorié 37 cas d'abandons de gens de mer, dont 16 ne sont pas encore totalement résolus. Des armateurs qui jettent l'éponge sans prévenir leurs équipages. Le scénario est plus que classique. Sans salaire, sans nourriture, voire sans eau, les hommes peuvent croupir des mois et des mois avant d'être rapatriés.
"Un premier pas"
Ce fléau a été mis en lumière, voilà quelques années, à Nantes, lors d'un colloque. L'Oscar Jupiter, cargo roumain, avait notamment stationné plus de deux ans dans ce port. L'OMI et le BIT ont pris le taureau par les cornes en créant un groupe de travail commun. Il se réunit régulièrement tous les 5 ans.
Patience et longueur de temps sont le propre des institutions internationales. "Les intérêts sont parfois diamétralement opposés. la base de données est un premier pas", se réjouit Jean-Yves LEGOUAS, spécialiste en questions maritimes au BIT. Un grand pas. L'administration du port, les syndicats, les missions religieuses peuvent désormais klaxonner à Genève. Sector permet de quantifier les cas d'abandon avant d'aller plus loin. "On peut imaginer une convention ou une recommandation qui prévoit d'assurer les conditions de subsistance et de rapatriement en cas d'abandon".
Là encore, il faudra être patient, mais le plus vite sera le mieux. Les cas d'abandon se sont réduits ces dernières années, le transport maritime surfant sur une période faste, avec une forte demande en Asie. L'euphorie aidant, les armateurs ont commandé des cargos en pagaille. Le prix du fret a tendance à baisser "Du coup, on risque une surcapacité, donc des abandons plus nombreux ..."